vendredi 31 juillet 2015

Croissant du matin

Petite histoire matinale et parisienne. Une histoire d'un jour d'été plutôt beau, où la Ville se vide suffisamment pour qu'on commence à y entendre le chant des oiseaux. Un matin agréable avec des rues encore vides à cette heure. Une place typiquement parisienne avec quelques cafés et leurs terrasses. Les rares touristes sont tranquillement installés en dégustant leur breakfast continental ou pas, mais avec croissant quasi-obligatoire, car on est en France quand même !


Le gros flot des touristes arrivera plus tard, car la matinée est assez belle pour être grasse. Ou parce que la faim viendra après la première balade du jour. Il faudra donc plus de croissants (et de tartines). Les parisiens connaissent ce ballet fréquent des matins tranquilles lorsque vous entrez dans un bar pour commander votre café-croissant et qu'on vous répond "Ah, on n'a plus de croissants, mais attendez un peu, on va en chercher".  La serveuse sort alors tranquillement et revient quelques minutes plus tard avec un sac tout doit sorti de la boulangerie voisine, dont un croissant chaud, pour vous spécialement. C'est un ballet qu'on ne voit plus beaucoup de nos jours.

Ce matin, donc, je suis entré comme souvent dans l'un de mes cafés favoris pour y commander mon café-croissant. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ce matin j'ai eu beaucoup de mal à me sentir réveillé. J'étais un peu dans le coton. En arrivant au comptoir j'ai cherché des yeux le serveur habituel mais il était occupé à l'autre bout. Après tout, on n'est pas aux pièces, me suis-je dit. Je vais attendre qu'il ait fini avant de commander. Et je l'ai regardé. Il était en train de remplir deux grilles avec des croissants surgelés. Puis il a remis le sac de surgelés dans le petit congélateur au-dessus du bar et il a enfourné les deux grilles dans le four de la cuisine - un beau four bien moderne.

Quand il est revenu, je lui ai commandé "un café et un croissant surgelé, s'il vous plaît" avec un grand sourire. S'en est suivi un grand débat autour du comptoir, duquel il est ressorti les points suivants :

- Entre les deux-tiers et 80% des boulangeries font pareil : leurs croissants (et autres viennoiseries, pâtes ou pâtisseries) sont surgelés et achetés chez les mêmes fournisseurs à partir de pâtisseries industrielles. En tous cas à Paris mais il semble que cela soit pareil un peu partout. Je me suis renseigné depuis. Quelques articles en parlent, ici ou ici. On pourrait dénoncer cette pratique industrielle, mais elle se répand de plus en plus. Elle n'est pas d'origine américaine et c'est même le contraire. Lisez cet article par exemple et vous y découvrirez qu'une des grandes entreprises industrielles françaises de "pâtisserie" exporte aux USA des donuts (Horreur Homer) car ils ne savent pas les faire aussi bien là-bas...
- Cela leur revient nettement moins cher - quoique la différence pour le consommateur ne soit pas évidente ;)
- Il y a des moyens de reconnaître un croissant surgelé d'un "vrai", comme ici, mais cela ne change pas grand chose quand on est "prisonnier" d'un café ou d'un boulanger situé au bon endroit près de chez vous ou de votre travail.

Mon croissant était bon. Correct en tous cas. Suffisant pour mes papilles endormies du matin et pour ma langue encore un peu alanguie. Mais j'ai tout de suite pensé à des souvenirs de très bons croissants (au beurre normand évidemment) et à cette sensation de fondant qu'on ne trouve pas dans ces croissants "modernes" un peu secs comme s'ils avaient vieilli avant l'âge, alors même qu'ils sont plus frais et cuits plus récemment que si une serveuse était allée les cherches dans la boulangerie du coin (qui vraisemblablement part de produits surgelés également).

Je me suis promis d'identifier autour de mes lieux de passage les vraies boulangeries qui font leurs croissants et qui les font bien. Mais c'est un pari difficile à tenir, surtout au mois d'août à Paris où dans certains quartiers c'est le désert des tartares boulangers, vrais ou faux. Et je vous conseille de faire la remarque, à chaque fois que vous le pouvez, à vos commerçants favoris. Après tout, quand on se fait un plaisir, petit ou grand, il faut qu'il soit bon, et si possible authentique, non ?

PS : Pour les passionnés, le croissant vient de là.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire