samedi 22 août 2015

Vive les joyeux écolos de vacances

C'est l'Université d'été des écolos. A Lille, pour bien montrer qu'ils ne sont pas en vacances et pour faire la nique à Martine qui a réussi à perdre du pouvoir dans le coin, justement à cause des écolos entre autres. Les écolos n'appellent même pas cette université une université. Ont-ils honte du niveau de cette réunion d'été ? En tous cas cette année ils semblent bien plus perdus qu'avant, et c'est pas peu dire.

L'influence des écolos a fortement baissé depuis leur départ du gouvernement et leurs nombreux votes contre lui, notamment à l'occasion des votes budgétaires. Au début, il y avait la possibilité que cela rehausse leur popularité car il est toujours plus confortable d'être dans l'opposition, ou au moins une opposition interne à la majorité si vous me suivez. Mais il semble que les écolos aient vite été oubliés par tous, sous la conduite hasardeuse de leurs deux patronnes sans vision. Revenir au premier plan, redevenir un élément incontournable de toute majorité prendra du temps. Et un positionnement à retrouver.

Les élections régionales seront donc un moment clé pour eux. Le problème va être de choisir entre gauche et gauche (et peut-être même plus loin s'ils osent). Car le but de ces élections, pour eux, est d'obtenir le plus de sièges et le plus de postes dans les exécutifs régionaux ensuite. Le choix des alliances sera donc dépendant de ce simple objectif. Les socialistes ont le même objectif, mais pour eux cela revient à essayer de perdre le moins possible de régions par rapport au quasi grand chelem actuel. Les Verts et autres mouvances d'Europe-Ecologie sont traversés par des courants très différents. Cela me fait d'ailleurs furieusement penser à ce qui s'est passé en 2007 quand Sarkozy est arrivé au pouvoir. Il y avait toute une génération de gens de gauche (socialistes et Verts) qui voyaient disparaître toute chance pour eux d'exercer le pouvoir ou d'y participer. Les cinq années à venir allaient être trop longues pour eux. Certains - j'en connais - ont alors choisi de rallier l'ouverture (fausse) de la droite et se sont retrouvés au pouvoir ou dans les cabinets ministériels. Pour les écolos aujourd'hui, ce débat est très actuel. Et puisque les choix sont avant tout personnels - malgré toutes les dénégations publiques - tout est possible pour ces régionales.

Car il y a l'événement majeur de l'année (et même du quinquennat) en matière d'écologie et d'environnement. C'est à Paris, en même temps que les élections régionales. C'est la COP21. Un grand événement mondial qui pourrait, si tout se passe bien, remettre un peu d'espoir autour du changement climatique. C'est un événement onusien donc intergouvernemental. C'est donc le gouvernement français, puissance invitante, qui est aux manettes, en l'occurrence Laurent Fabius qui présidera la conférence. Fabius est d'ailleurs présent à l'école primaire d'été des écolos à Lille - histoire de refaire la nique à Martine avec un grand sourire. Le paradoxe de cette conférence est l'absence des écolos au plus haut niveau.

Tout se passe comme si les écolos, à force de débats internes stériles et de batailles d'égos, avaient laissé libre le champ de l'écologie. Je parle ici du parti, pas des écolos de base ou des associations de terrain evidemment. Or la Nature a horreur du vide, comme les scientifiques nous l'ont appris depuis des siècles. Le champ de l'écologie est donc labouré par tous les autres, notamment ceux qui sont au pouvoir. Et les écolos - les vrais si j'ose dire - sont à la traîne. Immense paradoxe. Je viens de lire, de plus, que face à cette analyse que certains font également chez les Verts, leur réflexe s'est inversé. Au lieu d'essayer de peser sur l'avenir de la planète, à travers cette conférence et par exemple des alliances entre tous les partis écolos de la planète, les écolos français se disent que cette COP21 pourrait leur servir à avoir plus de voix (donc plus d'élus et de postes) lors des régionales, comme si ce n'était qu'une campagne marketing gratuite à leur profit. Ils espèrent ainsi gagner ou influencer sérieusement la région Île de France.

Je me trompe peut-être, mais un tel retournement de valeurs, de la planète aux ambitions personnelles, me paraît odieux, moi qui ai voté écolo à plusieurs reprises, y compris aux sénatoriales. J'espère simplement, car il faut toujours espérer, que le bon sens leur reviendra. Mais en bon scientifique, je doute.

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