mardi 6 octobre 2015

Actu(alitée) sociale

François célèbre aujourd'hui les 70 ans de la Sécurité sociale (SS la bien nommée, de son petit nom plus affectueux la Sécu), créée le 4 octobre 1945 dans les grandes envolées consensuelles post-guerre. Beaucoup de choses en France ont été créées à cette époque et seront célébrées à tour de rôle, mais la Sécu est l'occasion pour François de vanter sa politique de gauche.

Ca se passera à la Mutu(alité), haut lieu de la gauche mobilisatrice, juste à côté de l'église des ultra-intégristes pour ceux qui ne sauraient pas où c'est. Joyeux choc des visions du monde. On peut s'attendre à un discours flamboyant vantant l'action depuis mai 2012 et l'action à venir. Histoire de se démarquer encore une fois du discours de Sarkozy pour LR qui se focalise sur un modèle social très différent, par capitalisation et sur le mode "chacun pour soi".

Il y a effectivement des avancées, mais dans le contexte économique et financier de la France, elles ne sont pas flagrantes pour le peuple. Les privilégiés restent muets (vivons heureux, vivons cachés) ou accrochés à leurs efficaces lobbies. Le lobby des solutions de retraite et de sécurité sociale par capitalisation est d'ailleurs de plus en plus actif et relayé par les médias de droite : un exemple ici sur Le Figaro d'aujourd'hui... Face à ça, les défenseurs du modèle actuel sont de plus en plus muets et divisés. Il y a le Front de gauche qui en veut toujours plus, du PC à Mélenchon en passant par Clémentine. Il y a les syndicats de fonctionnaires qui cherchent à ce qu'on ne parle pas des avantages acquis sur le mode de calcul des retraites par exemple. L'essentiel du débat se focalise sur le trou. Le fameux trou qui se creuse ou se comble selon les interlocuteurs et les moments. Un trou avec un seuil de tolérance de plus en plus faible, car pesant sur la dette du pays.

Et puis il y a des trublions. Le cas Air France en est le plus bel exemple. Quand le dialogue ne fonctionne pas au sein d'une entreprise semi-publique,  c'est forcément la faute des autres. Accusés de tous les maux de l'entreprise, les seigneurs pilotes se défendent en accusant la direction pleine de bureaucrates (et avec de moins en moins d'influence des pilotes) et le gouvernement qui devrait statuer. La direction propose un plan B à cause des pilotes en sachant que tous les employés seront mécontents et en poussant le bouchon. Le gouvernement pense à l'ordre public et à l'arrachage de chemises. Les employés de base ne comprennent pas qu'ils soient les premiers visés. En lisant les articles ont comprend mieux qu'il y a là un cas encore plus complexe que l'hôpital public. A l'hôpital, la dualité administration-médecins a trouvé petit à petit un chemin vers un équilibre dans la négociation, même si c'est dans la douleur (!). Chez Air France, l'époque où les PNT (les personnels navigants techniques, pilotes, par opposition aux PNC dont on entend parler à chaque vol - PNC aux portes - C pour commercial) dirigeaient l'entreprise est révolue, concurrence oblige, et le dialogue s'effiloche de plus en plus. Lire le point de vue des pilotes par exemple dans cette tribune officielle d'auto-défense publiée hier dans Les Echos. Dans un tel cas, le retour du dialogue arrivera forcément. Mais ces rodomontades entre blocs font du mal à beaucoup. Sans vouloir comparer la Direction d'Air France et le SNPL (syndicat dominant et corporatiste des pilotes) à de gros mammifères, ça me rappelle ce proverbe africain : "Quand deux éléphants se battent, c'est l'herbe qui souffre".

Le social en France est institutionnalisé depuis des lustres (14 en fait). Tout débat à son sujet est devenu si délicat qu'il faut du courage politique pour le conduire. Alors, un discours fondateur aujourd'hui à la Mutu, ou une auto-célébration de la vision de gauche ?

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