jeudi 19 novembre 2015

Après les attentats, Beaujolpif as usual

C’est jeudi, le troisième de novembre, donc c’est Beaujolais nouveau.

La fête inaugurale a eu lieu hier soir à Beaujeu comme d’hab - même si les fêtes de la Lumière risquent d’être supprimées ou raccourcies cette année à cause des terroristes. On ne rigole pas avec le vin en France, ou plutôt, on rigole avec puisque c’est devenu un devoir civique que de boire - du mauvais vin, sur une terrasse de café où on se les pèle, entouré de fumeurs qui fêtent leur clope, en faisant des grosses blagues.

Chacun fait selon ses désirs. Quelques éléments quand même sur ce jeudi.

Le Beaujolais nouveau de 2015 s’annonce, sur un plan oenologique comme grandissime ou même béni des dieux, merci le réchauffement climatique et l’été gorgé de soleil. Ces mots semblent un peu outrés, normal, ce sont les mots des professionnels du secteur, donc des mots marketing. Cela reste un événement mondial (le Japon consomme à lui tout seul un quart de rouge de la production...) mais en France, pays de production et d’amateurs au quotidien, on n’aime plus trop l’appellation Beaujolais toute seule. On préfère de plus en plus les appellations réputées - un Morgon ou un Fleurie par exemple ? - à un label uniformisant dont on ne sait pas trop quoi dire, sinon enfoncer des portes ouvertes comme un goût de banane , de fruit, de tabac ou pourquoi pas de shit (désolé pour le jeu de mots). Certains professionnels voudraient même qu’on dise LES Beaujolais nouveaux, pour bien marquer cette évolution, alors que le concept même du vin nouveau, à l’époque, était de relancer des ventes sous une étiquette fédératrice. Il y a dix ans, les vignerons vendaient deux fois plus qu’aujourd’hui... Ce qui en dit long sur la qualité perçue par les ivrognes consommateurs. Il n’empêche que l’année dernière, 28 millions de bouteilles étaient parties en fumée avaient été vidées.

Les vins nouveaux se sont multipliés, certains avec une meilleure réputation que le Beaujol... Rappelons que ce sont des voins primeurs qui doivent être bus dans les six mois de leur vinification. Ne jamais boire un vin nouveau à partir du printemps !

Aujourd’hui, le combat sera donc rude pour mesurer le succès ou non de cette campagne annuelle, dans notre contexte actuel, mélange de peur, de résistance et de volonté de vivre. Je parlais d’une nécessaire recherche de symboles dans les moments de crise. La Marseillaise en est un, de plus en plus repris, comme celle, émouvante, qui a retenti à Wembley mardi soir, avant le match de foot - par ailleurs nullissime, on les comprend, nos joueurs. Chantée avec tous les accents du monde, la Marseillaise a pourtant des paroles guerrières horribles puisqu’elle parle d’un sang impur (??? Attention au contresens, car le sang impur c'est celui du peuple français parti combattre les envahisseurs à la place des nobles, ce n'est pas le sang des étrangers justement !!!). Mais c’est notre symbole, ici en France, et tous y tiennent, par devoir de mémoire pour tous ceux qui l’ont chanté avant et parce que c’est un gant galvanisant. Le Beaujolais nouveau n’est pas un symbole, heureusement, même si certains voudraient - l’espace d’un jeudi - le brandir comme un poing levé avant de le gober d’une traite.

Certaines illustrations sont pour le moins étranges, comme celle-ci. Un art, vraiment ?


ou celle-ci, hips (lisez quand même le petit texte à droite (en zoomant), c’est vrai !


Et à propos, pour les étrangers, voici une photo du fameux Georges (encore un ?) Duboeuf qui exporte des vins dans le monde entier... Il existe !



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