samedi 28 novembre 2015

Universitaires et #COP21Paris

Le changement climatique et les communautés universitaires, ça devrait être une évidence, mais ça peut friser l'oxymore. Il y a pourtant à faire car la responsabilité de l'Université est de plus en plus importante et amenée à croître. Espérons en tous cas, car il y a urgence. 

Les spécialistes du climat et de tout ce qui tourne autour, avec des approches interdisciplinaires de plus en plus fertiles, ont été à la pointe. Ils ont gagné le combat rationnel contre les climato-sceptiques. Ils ont alimenté les politiques de leurs faits et de leurs modèles structurants. Ils doivent maintenant essaimer vers d'autres disciplines, former des étudiants solidement épaulés par des argumentaires efficaces et adaptés, mais aussi former des enseignants de tous les domaines qui intègrent cette urgence. Ils doivent sortir de leurs mondes respectifs. 

Les universités, et toutes les autres structures d'enseignement supérieur et de recherche quels que soient leurs statuts, ont souvent commencé à s'approprier ces problématiques pour améliorer leurs actions internes, à des vitesses très diverses. Les eco campus et autres variantes visent à faire de ces lieux de savoir des lieux modèles de mise en pratique. L'intégration de cette dimension dans les plans stratégiques des institutions reste à faire le plus souvent pourtant. Et comment diffuser ces idées si elles ne sont même pas capables de quitter certains labos ? 

Les étudiants sont la raison d'être des Universités au sens large, c'est une évidence à ne pas oublier. Comment ne pas écouter leur jeunesse, leur besoin d'avenir ? Comment accepter que les structures universitaires puissent être en retard sur ceux qu'elles sont censés former et épanouir ? Comment ne pas mettre au cœur de la vie universitaire de telles questions ? Le temps des hommes politiques est le court terme mais celui de l'Université est le long terme, comme celui des jeunes qui l'habitent. 

La communauté universitaire, ou plutôt ses différentes communautés, forme les élites. Celles qui vont l'aider à se développer et à continuer, mais aussi celles qui vont tirer les sociétés vers le haut (pas forcément vers le "plus" d'ailleurs, dans une logique de développement durable à terme). Faire semblant que ces questions dépassent l'Université car elles seraient de la responsabilité du politique serait dangereux. Une négation même du rôle de l'Université et de sa responsabilité sociale, sociétale et morale. Qu'on en ait une vision utilitariste ou universelle, professionnelle ou académique, l'Université est, réellement, responsable de ce qu'elle produit, dans le domaine du savoir et de la société. C'est encore plus vrai dans les jeunes pays en développement ou en émergence. 

Alors, n'est-il pas étrange que les communautés universitaires ne soient pas capables d'appels et de mobilisation de haut niveau sur les questions clés qui agitent la COP21 ? Il y des appels, entendez-moi bien, mais ils restent fragmentés - locaux en fonction de personnalités fortes, nationaux à cause de structures organisées et naturellement tournées vers le monde politique qui les finance, thématiques à cause d'approches disciplinaires clivantes. 

L'Université est-elle devenue plus muette que l'Armée ? Moins mobilisée ? Plus défaitiste malgré ses cohortes d'étudiants ?

L'Université porte des valeurs universelles et de long terme. Si le combat du climat n'est pas secteur idéal pour fédérer ces communautés, quels combats le pourraient ? Les universitaires sont des femmes et des hommes libres avec chacun leurs droits et leurs devoirs, certains très engagés. Mais les structures universitaires sont des institutions qui sont reconnues en tant que telles. À elles d'utiliser ce privilège pour aider à sauver la planète. Ou alors, que reste-t-il de leur identité ? Leur silence collectif est assourdissant. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire