vendredi 22 janvier 2016

Davos, esclave du fric, monastère de la parole

En Latin Davos (Davus, Dave) était un nom fréquemment donné aux esclaves par les patriciens dans les pièces de théâtre classique chez les romains. Un nom qui est presque devenu générique. A Davos en Suisse, il n'y a pas beaucoup d'esclaves (sauf ceux qui servent les riches) mais beaucoup de patriciens. Les démocrates puissants d'aujourd'hui qui vivent dans leur bulle. Sans compter tous ceux qui aimeraient devenir calife à la place de leur calife particulier. Un souvenir peut-être de ce qu'était la démocratie, la chose publique - la res publica - quand elle était réservée à une élite mâle, blanche et riche.

Davos est donc en pleine activité. Son fondateur vieillit mais est toujours là (photo) avec ses deux prompteurs.


A Davos, il s'agit de nouer le plus possible de contacts. Les politiques sont là pour accompagner leurs entreprises et montrer leurs muscles. En France, il y a de plus en plus de ministres présents (je parle des actuels et pas de ceux qui viendront après le remaniement prochain). Valls a serré la main de Bono mais s'est fait voler la vedette par le chouchou des patrons, Emmanuel Macron, en pleine ascension politique. Ce n'est pas à Davos qu'il verra de vrais gens, mais ce n'est pas grave. Cette année, Sarkozy n'y va pas (Pas assez bien payé la conférence ?)...  Mais il est en pleine promotion de son livre et n'a pas le temps. En plus François consulte les partis sur la révision constitutionnelle aujourd'hui et le rencontrera. François n'ira pas à Davos cette année (il y était l'année dernière, Sarkozy en 2010 et en 2011).

Davos, c'est un marché et un forum à la fois. Au-delà des discours aux différentes tribunes, c'est bien dans les discussions en petit groupe que se négocient et se mettent en place les projets "innovants" puisque ce mot est dans toutes les bouches. Les prises de rendez-vous se font à l'avance, comme pour les stars hollywoodiennes. Et c'est en regardant les agendas qu'on peut voir la popularité ou non des invités. Cette année, les français sont plus populaires et jugés plus intéressants. Plus "socio-démocrates décomplexés" et moins "Montebourg".

De quoi parlent-ils donc, à part de fric ? Il y a le terrorisme (et son impact sur le business), les migrants (et les problèmes de transport et d'infrastructure) et aussi les suites de la COP21 (où faire du fric ?). Les énergies renouvelables sont l'un des coeurs du sujet, moteur d'un développement industriel important. Pour vous en persuader lisez cet article sur Davos par l'Agence de presse chinoise : "Forum de Davos : la 4ème révolution industrielle sera conduite par les énergies renouvelables"... On y retiendra cette phrase : "La Chine est déjà une exportatrice majeure de technologies d'énergie propre. Par exemple, plus de 60% des panneaux solaires de la planète sont fabriqués en Chine". Cela me fait penser à cette déclaration entendue à Davos, de la PDG du groupe pétrolier italien ENI, Emma Marcegaglia, ancienne patronne du Medef italien : « Quand il y a une innovation, les Américains la transforment en succès. Les Chinois la copient. Et les Européens... la réglementent. »

Peu auront le temps de skier à Davos Klosters (puisque c'est le vrai nom de la station). D'ailleurs Klosters veut dire monastère en allemand. Gageons qu'il y aura encore moins de moines ou de nonnes à Davos que d'esclaves...

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