vendredi 15 janvier 2016

L'automobile est-elle un lobby ? No, no et Re-no

La réponse est oui, évidemment. Et puissant dans de nombreux pays, dont la France, comme on a pu le vérifier depuis le scandale Renault.

Est-ce un scandale d'ailleurs ? Ca dépend de quoi on parle... Les faits d'abord. L'organisme français de certification des véhicules a lancé une campagne de mesure sur les autos disponibles en France, suite au scandale Volkswagen dont on a parlé ici. D'autres constructeurs auraient-il triché en installant des systèmes truqueurs pour fausser les contrôles anti-pollution ? Depuis le lancement de cette campagne, une vingtaine de modèles ont été mesurés, sur une centaine de prévus. Et comme des écarts ont été observés sur certains - Renault pour le moment - des perquisitions ont été conduites (c'est le cas de le dire) dans certaines usines Renault. A ce jour, aucun trucage n'a été trouvé, mais des écarts importants en ce qui concerne les émissions de gaz polluants, CO2 et NO2... La direction de Renault a cru que ces perquisitions pouvaient rester secrètes, naïvement ? Dès qu'elles ont été connues, la panique a soufflé sur tout le monde.

Politiquement, les ministres se sont mouillés. Ségolène a confirmé qu'aucun logiciel truqueur n'a été trouvé, donc qu'il n'y avait pas de scandale comme pour Volkswagen qui a triché. Marron a insisté sur le fait que Renault n'avait pas commis de faute. Grosse peur politique car Renault c'est un symbole intouchable en France, dont l'Etat est un actionnaire important. Il s'agit d'éviter des dérives politiques ou des attaques contre l'incurie du gouvernement, sa complicité ou des risques de manifestations sociales. En tant que ministre de l'environnement, Ségolène demande à Renault la mise aux normes de ses moteurs. On attend les tests Peugeot pour la suite.

Socialement il y a des inquiétudes, comme il y a eu au plus haut niveau en Allemagne pour Das constructor Nassional. Les syndicats s'inquiètent et ont alerté sur les perquisitions, comme une étape dans leur combat contre une direction jugée un peu autiste par eux. En plus de Renault, il y a tous les sous-traitants en amont et tous les garages et distributeurs en aval. Et il y a PSA aussi. Le diesel est le plus visé par ces émanations polluantes et il représente 50% en France pour ces constructeurs nationaux. Des dizaines de milliers de chômeurs en plus au bas mot, ce n'est pas le moment. Sans compter les surcharges de travail pour modifier les processus de contrôle et de production. On ne réoriente pas en quelques mois un appareil industriel de cette taille, même en se limitant à certains modèles (Espace Diesel par exemple, par ailleurs en chute libre dans les ventes, puisque remplacés de plus en plus par des SUV et autres crossovers de beaufs frimeurs et frustrés).

Financièrement, l'action Renault a pris 10% de baisse en un jour. Gros gadin. Inquiétudes sur le moyen et long terme, avec des anticipations de coûts importants pour corriger le tir. Sans parler de plaintes éventuelles de consommateurs ou d'associations environnementales.

Car le coeur du sujet est lié à l'environnement. Tout le monde sait que le diesel pollue beaucoup, et plus qu'annoncé officiellement. Cette campagne de mesures le révèle publiquement de manière éclatante. Il n'est plus possible de faire comme si, surtout après la COP21 et au moment où François drague les écolos. Les oeillères tombent et le cheval (vapeur) est aveuglé par la lumière de la transparence médiatique.

Il reste l'Europe et ses contradictions. C'est l'Union européenne qui définit les normes de contrôle en la matière. Tous les jugent trop laxistes et ne tenant pas assez compte des conditions réelles d'usage des véhicules. Mais jusqu'ici toutes les tentatives - notamment celles du parlement européen - ont échoué pour les renforcer. Un effet direct du lobby automobile en Europe.

Quelle que soit donc la manière dont on regarde les événements Renault de cette semaine, il n'y a que des mauvaises nouvelles. Et c'est pas fini.


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