jeudi 7 avril 2016

Quels mouvements faire ? Exercices de gymnastique politique

C'est le printemps, il faut se maintenir en forme (ou s'y remettre).

Examinons la politique à l'aune de ce besoin naturel de mouvement, puisque l'actualité nous y pousse, en bonne coach de notre santé citoyenne.

On peut dormir. Allongé en général et pas forcément couché sous la botte d'un dictateur ou d'un système qui vous endort. C'est confortable, sauf quand il faut essayer de s'endormir avec ses angoisses ou se réveiller avec la constatation qu'elles sont encore là. Entre le savetier et le financier de La Fontaine, c'est celui qui a le plus d'argent qui a du mal à dormir (hum), mais c'était avant l'invention du paradis fiscal moderne quasi instantané à investir et celle du Canal de Panama. Certains riches dorment mal en ce moment sur leurs matelas d'argent, soigneusement mis à l'abri (croient-ils) pour leur avenir radieux dans un monde égoïste et non solidaire. Pendant que leurs non-impôts aident la société à se dégrader faute d'argent public, eux avalent juste des pilules pour ne pas y penser. C'est une gymnastique possible, mais réservée aux purs égoïstes (à ne pas appeler une élite, s'il vous plaît, même si certains croient en être) avec quand même certains qui essayent de s'en sortir de manière honorable.

On peut rester debout la nuit, comme ce mouvement citoyen qui prend de l'ampleur et qui ramène le débat sur la place publique (et pas seulement la Place de la République à Paris) et qui cherche à mettre les gens debout. Mouvement face auquel un grand silence s'établit : il y a les observateurs experts de ce type d'initiative citoyenne qui en font un terrain comme disent les sociologues, il y a les médias qui essayent de capter plus que du micro-trottoir habituel (un pour, un contre et deux au milieu), il y a les politiciens de métier qui valsent autour sans trop oser s'approcher, à la fois pour ne pas être perçus comme manipulateurs et pour ne pas être rejetés publiquement. Etre debout, cela veut dire éveillé et conscient, même quand on est assis ou couché. C'est une gymnastique qui demande de la force, donc de l'entraînement, comme dans "White Lotus", ce roman de SF où la résistance face à l'envahisseur chinois s'exprime en restant debout sur un pied, comme un oiseau faussement endormi (1965 quand même)... Les anciens grecs, eux, débattaient debout (ou en marchant mais c'est une autre histoire).

On peut s'agenouiller pour prier ou pour autre chose. Cela peut impliquer un rétro-pédalage (vade retro satanas) en cas de faux mouvement, comme pour l'évêque de Pontoise qui considère que oui finalement, tout bien pesé et après moult remontrances de l'attaché de presse de l'archevêché, la pédophilie c'est objectivement un péché grave... On n'est plus à l'époque où l'on gravissait la rue des Martyrs à genoux pour ses péchés (en passant pas loin de Pigalle).

On peut marcher, comme les manifestants qui défilent (aujourd'hui les policiers qui réclament plus de moyens, samedi les étudiants et le 28 avril la prochaine grosse journée de grèves-manifs). Un mouvement bien connu depuis très longtemps mais qui garde toujours son efficacité, quelles que soient les manières de compter les manifestants. N'oublions pas la marche immobile, de jour, lorsque le défilé est interdit ou spontané. Sortir, se montrer, sentir l'air commun et partagé, humer cette vibration populaire et y ajouter sa note.

On peut se mettre en marche ! Attention de ne pas oublier le point d'exclamation puisqu'il fait partie intégrante du nouveau "parti" créé hier par Emmanuel Macron qui se lance ainsi officiellement dans la politique politicienne. Un machin qui est un parti sans en être, qui est de droite et de gauche, qui est un club d'idées et une étiquette... Au moins, lui, il a compris que le mouvement était dans l'air du temps et qu'au-delà des mots idéologies ou symboles (socialiste, gauche, écologie, républicain, centre, national...) il fallait du mouvement. Il y avait bien Debout la France de l'autre excité, mais lui a changé tellement de fois de slogan qu'on ne sait plus où il est. Il est où d'ailleurs l'autre petit Nicolas ? Pour revenir à Macron, les politiciens sont goguenards, car il est plus facile de critiquer un homme qu'un mouvement populaire et Macron est bien seul encore. Il a les mêmes initiales que son mouvement. EM ? EM le maudit, emmerdant ça...

Tout est mouvement, dit-on. Quand on ne bouge plus, on meurt (à moins que cela ne soit le contraire ?). A chacun de choisir son mouvement et son moment. Et vous ?

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