jeudi 28 avril 2016

Trump first, America second only to Him

Hello, chers lecteurs intéressés par les élections américaines. Je ne vous parle pas souvent de ce sujet, car il faudrait disserter sur Donal Trump et j'avoue ne pas en avoir le courage. D'autres commentateurs plus doués et motivés s'en chargent à longueur de temps, mais aujourd'hui je vous en parle parce que :
- il faut bien aussi qu'il me range aussi dans la catégorie des médias débiles et primaires, anti-lui
- c'est un moyen de parler de Marine Le Pen sans la mentionner directement et donc la valoriser
- il a fait hier son premier vrai discours sur l'international.

C'est effectivement sur l'international qu'il faut lire ce qu'il dit. Ça vaut son pesant de cacahuètes, comme disait Reagan, son modèle. Le texte de son discours est ici. Pour y accéder il faut cliquer dans un rond pour montrer qu'on n'est pas un robot. Bizarre, car ce simple geste élimine déjà au moins la moitié de ses électeurs lobotomies par une propagande populiste, mais efficace. Il semble que le prononcé du discours ait été un peu problématique (ça doit être la faute du prompteur ou des médias présents). C'est dommage, car comme on dit en politique "seul le prononcé fait foi". Contentons nous donc de l'écrit officiel sur son site.

Je vous commente mes passages favoris, pour les non anglophones.

I would like to talk today about how to develop a new foreign policy direction for our country – one that replaces randomness with purpose, ideology with strategy, and chaos with peace.
Il veut donc remplacer l'aléatoire par une intention, l'idéologie par la stratégie et le chaos par la paix. Vous remarquerez qu'il ne s'agit pas du même registre sémantique à chaque fois. Bonjour le niveau intellectuel.

The direction I will outline today will also return us to a timeless principle. My foreign policy will always put the interests of the American people, and American security, above all else. That will be the foundation of every decision that I will make.
America First will be the major and overriding theme of my administration.
America first. Un vieux slogan isolationniste, utilisé par exemple au début de la seconde guerre mondiale par ceux qui voulaient laisser Hitler tranquille en ne se mêlant pas des affaires de l'Europe (et du Japon d'ailleurs). Slogan inventé parait-il par Charles Lindbergh après qu'il soit revenu en avion à travers l'Atlantique de l'Europe infernale.
Un slogan effrayant, comme dirait Kant, car si tous les pays ou même toutes les puissances disaient pareil, la Terre aurait explosé depuis longtemps. Mais Trump n'est pas kantien je suppose.

But to chart our path forward, we must first briefly look back.
We have a lot to be proud of. In the 1940s we saved the world. The Greatest Generation beat back the Nazis and the Japanese Imperialists.
Then we saved the world again, this time from totalitarian Communism. The Cold War lasted for decades, but we won.
Democrats and Republicans working together got Mr. Gorbachev to heed the words of President Reagan when he said: “tear down this wall.”
La vision Trumpienne de l'Histoire du monde sauvé par les USA est bien résumée ici : paradoxe entre America first de l'isolationnisme et la seconde guerre mondiale, victoire (!) contre la guerre froide et chute du mur grâce à Reagan. On a le droit de sourire, non ?

It all began with the dangerous idea that we could make Western democracies out of countries that had no experience or interest in becoming a Western Democracy.
A propos du Moyen-Orient, de la Lybie à l'Iran en passant par l'Irak (tiens, pas de mention du Koweit), il s'agit donc pour lui de déclarer que tous ces pays ne seront jamais de vraies démocraties (entendez des démocraties occidentales) et qu'il faut les laisser croupir dans leurs sables. Sauf Israël évidemment, on y revient un peu plus bas. Le concept de démocratie sur un sel modèle est effectivement absurde, il n'y a qu'à comparer les démocraties occidentales entre elles. Même sur le mot occidental il y a des problèmes, car si les USA font partie de l'occident, quid du Mexique ou de l'Amérique latine par exemple. Le label occidental est donc ici seulement un label "Trump approved". C'est cool, non ?

Thousands of American lives, and many trillions of dollars, were lost as a result
Il y revient plusieurs fois, sur ces pertes américaines. Trillions ça sonne bien, non ? Pourtant ls USA restent les premiers exportateurs d'armes dans le monde. Ces trillions n'ont pas été perdus pour tout le monde, non ? Qui sait d'ailleurs ce que veut dire un trillion (en américain) ? Hein ? Et bien un million américain n'est qu'un billion ailleurs, seulement mille milliards au lieu d'un milliard de milliard pour un trillion international. Confus, surtout pour un discours international.

First, Our Resources Are Overextended
I am the only person running for the Presidency who understands this problem and knows how to fix it.
ROFL. Les ressources US seraient poussées trop loin ? Evidemment il ne dit pas comment il va les recentrer ;)

Secondly, our allies are not paying their fair share.
The countries we are defending must pay for the cost of this defense – and, if not, the U.S. must be prepared to let these countries defend themselves.
A l'OTAN notamment où relativement peu de pays (dont la France) arrivent à dépenser plus de 2% de leur PIB en armement et défense. On trouve dans cette short list les pays exportateurs d'armements... Une menace non voilée et directe pour les pays qui ne payent pas. A Marseille, on appelle cela du Racket, mais pour Trump c'est de la stratégie.

Thirdly, our friends are beginning to think they can’t depend on us.
In negotiation, you must be willing to walk. The Iran deal, like so many of our worst agreements, is the result of not being willing to leave the table. When the other side knows you’re not going to walk, it becomes absolutely impossible to win.
Israel, our great friend and the one true Democracy in the Middle East, has been snubbed and criticized by an Administration that lacks moral clarity.
La vision de Trump et des négociations internationales est très far-west sans Lucky Luke. Certains le disent même très XIX° siècle. Cela friserait le ridicule dans la bouche d'un autre que lui. Imaginez un peu s'il arrive au pouvoir... Quant à Israël et à sa haine de l'Islam, toutes variantes confondues, ce n'est pas une nouveauté, sauf que même certains des grands donateurs juifs américains refusent maintenant de lui donner des fonds.

Fourth, our rivals no longer respect us.
Ici, il parle en particulier de la Chine, son dada, pas de Poutine. Avec les chinois "Fixing our relations with China is another important step towards a prosperous century. China respects strength, and by letting them take advantage of us economically, we have lost all of their respect". Respect ? Retrouver le respect des chinois qui ne respectent que la force ? De quelle force parle-t-il exactement ici ?

Finally, America no longer has a clear understanding of our foreign policy goals.
Les politiques internationales sont floues ? Bienvenue, monsieur Trump, dans le monde diplomatique international ! Il en profite quand même dans cette partie pour attaquer Hilary Clinton qui dormait pendant l'attaque de Benghazi. Histoire de montrer qu'il est déjà dans l'après-primaires.

This will change when I am president. Our moments of greatest strength came when politics ended at the water’s edge. We need a new, rational American foreign policy, informed by the best minds and supported by both parties, as well as by our close allies.
Foin de diplomatie et de politique, à un moment donné, il faut se lancer à l'eau (débarquer), se mouiller (sans pisser dans son froc) et montrer ses muscles... No comment.

And then there’s ISIS. I have a simple message for them. Their days are numbered. I won’t tell them where and I won’t tell them how. We must as, a nation, be more unpredictable. But they’re going to be gone. And soon.
Comment faire disparaître ISIS ? Il le sait. Si Dieu le veut.

We desire to live peacefully and in friendship with Russia and China. We have serious differences with these two nations, and must regard them with open eyes. But we are not bound to be adversaries. We should seek common ground based on shared interests.
Un nouveau partage du monde ? Pas de mention de l'Europe ni des autres BRICS évidemment mais un triangle dépassé USA-Russie-Chine. Autour d'intérêts communs (comme le combat contre l'islam radical qu'il affectionne).

For instance, we will discuss how we can upgrade NATO’s outdated mission and structure – grown out of the Cold War – to confront our shared challenges, including migration and Islamic terrorism.
L'OTAN a déjà connu plusieurs réformes, l'éloignant un peu des USA. Recentrer l'OTAN sur la lutte contre les migrations ???

However, unlike other candidates for the presidency, war and aggression will not be my first instinct. You cannot have a foreign policy without diplomacy. A superpower understands that caution and restraint are signs of strength.
Ah ! Contrairement à d'autres candidats (républicains évidemment), Trump croit à la diplomatie. C'est le contraire de tout ce qu'il a dit avant, mais ce n'est pas grave, puisqu'il le dit.

My goal is to establish a foreign policy that will endure for several generations.
Aaaaaaaaaaaaaah ! Quel sens de l'humour, ce Trump ! Après avoir dit autant de mal de tous les présidents depuis Reagan, Plusieurs générations ? Rien que ça ? A moins de lancer des bombes atomiques partout, je ne vois pas... Brrrrrrrrrr !

Instead of trying to spread “universal values” that not everyone shares, we should understand that strengthening and promoting Western civilization and its accomplishments will do more to inspire positive reforms around the world than military interventions.
Promouvoir les valeurs occidentales ? Comment ? Via Hollywood et Netflix ? Via le TAFTA ? Vive la guerre économique et médiatique.

The nation-state remains the true foundation for happiness and harmony. I am skeptical of international unions that tie us up and bring America down, and will never enter America into any agreement that reduces our ability to control our own affairs.
Vive le bilatéral, et même l'unilatéral, non au multilatéral. Une position classique des américains, mais amplifiée jusqu'à l'extrême par Trump.

We will always help to save lives and, indeed, humanity itself. But to play that role, we must make America strong again.
Tralala ! TRALALA ! Badaboum. Merci à Trump de sauver l'Humanité, merci, merci. Mais pas la peine de vous déranger. On n'a pas besoin de vous.

Bon, ça s'arrête là, avec les trompettes mal embouchées de la renommée Trumpeuse. C'est édifiant, de mon point de vue. On est dans le déclaratif Trumpeur, qui ne donne pas envie. Mais je ne suis pas électeur américain. Je suis simplement électeur en France et on a déjà du mal avec le FN, alors...

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