mardi 17 mai 2016

Dernier train avant la grève

Mardi 17 mai. Une n-ième journée de manifestations sociales. On est en mai, c'est normal. Quelques commentaires, puisque je rentre aujourd'hui de Saint-Raphaël à Paris en train, un des derniers avant la grève. Vous voyez, sur ce blog on ne recule devant rien pour vous informer !

Ce mardi et ce jeudi, manifs et grèves contre la loi travail, comme d'habitude dira-t-on, depuis plusieurs semaines. Depuis le 49-3 de la semaine dernière la mobilisation a de la peine à se maintenir au même niveau. Le vote au Sénat est prévu le 13 juin dans les mêmes termes mais François a bien annoncé qu'il n'y aurait plus de négociations. Nuit Debout a du mal à se développer malgré son "internationalisation" dimanche dernier. A quoi cela sert-il d'être un modèle pour d'autres mouvements, comme en Grèce, si un souffle nouveau n'arrive pas alors que le bac et les exams de fin d'année approchent à grand pas ? Nuit debout a quand même réussi à élaborer un système de votes pour leurs principales décisions. À suivre. 

Début des grèves dans les transports ferroviaires aussi. La CGT a opté pour une grève hebdomadaire les mercredis et jeudis : faut pas déconner trop non plus et faire grève le week-end ou les lundis et vendredis. Le choix était réduit. SUD, qui concurrence la CGT par la gauche a opté pour une grève reconductible permanente mais perlée. Soyons clairs, tout ceci n'a rien à voir avec la loi travail même si les manifestations confondues feront grossir les rangs. Il s'agit même d'objectifs contraires puisque solidaires d'un côté et corporatistes de l'autre. 

En effet du côté SNCF il s'agit uniquement de peser dans les négociations en cours sur les conditions de travail pour le secteur transports de voyageurs. Petit rappel : l'UE a entériné la libéralisation du transport ferroviaire de voyageurs et la France doit s'y mettre, comme il y a un peu plus de 10 ans pour le transport ferroviaire de marchandises, le fret. Aujourd'hui il n'y a que la SNCF mais en 2020 les TGV seront pilotés par d'autres entreprises aussi (par exemple les transporteurs frontaliers) et en 2023 tous les autres trains, comme depuis peu les autocars interurbains. Les conditions de travail des travailleurs de la SNCF sont régis par un texte interne à l'entreprise, produit de nombreuses négociations et grèves depuis des dizaines d'années. Le code du travail général ne s'applique presque pas car les critères et contraintes de sécurité notamment et de continuité de service sont très particulières au secteur. Le gouvernement a produit un décret-socle qui joue le rôle minimaliste d'un code du travail adapté et ce décret est en cours d'examen par le Conseil d'Etat. Les syndicats ont semble-t-il concentré leurs efforts sur la négociation en cours sur un "accord de branche" qui est totalement nouveau puisqu'il n'y avait pas de branche avant. Ce futur accord devra s'appliquer par défaut à toutes les autres entreprises et c'est son équilibre qui est en jeu : trop proche du décret-socle minimaliste (volonté des patrons) et il va créer un fossé entre travailleurs de la SNCF et de ses concurrents, trop proche du statut de la SNCF âprement négocié (volonté des syndicats de la SNCF) et il va handicaper la productivité de ces entreprises qui existent déjà pour certaines. Équilibre délicat à trouver, sachant qu'en plus les syndicats sont en perte de vitesse dans ce secteur et qu'il y a des élections professionnelles à venir. 

Ajoutez à cela des grèves dans l'aérien pour séparer mieux Air France du slow Cost, avec refus des pilotes de leur minable augmentation prévue (7% l'année dernière quand même). Ajoutez une couche dans le fret avec les routiers et les dockers. Ajoutez l'Euro2016 qui commence dans moins d'un mois...

Le gouvernement de gauche actuel est pris comme tous les autres dans la spirale des transports, LE secteur qui bloque le plus la vie de tous. Attendons un vrai gouvernement de droite pour voir, avec par exemple Juppé qui annonce vouloir aligner les retraites du public sur celles du privé, nettement moins favorables. 

Les transports sont le sang qui irrigue notre pays. Et les caillots ne sont bons pour personne, qu'on les appelle bouchons ou piquets de grève. A court terme. Car à long terme c'est une autre histoire. 

PS : ce train est passé par Cannes avant. On y reconnaît quelques festivaliers inconnus mais identifiables par leurs lunettes de soleil, leurs blousons, leurs barbes taillées avec négligence, leurs iPad et leur accent anglais... Vive le train !

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