samedi 25 juin 2016

Brexit, idées courtes et coupures de cheveux longs en quatre

Le Brexit agite la planète et c’est parti pour un certain temps. Incidemment, j’ai mis à jour la page avec les Unes et Frontpages de la presse mondiale, il y en a maintenant plus de 160, en attendant les Unes américaines. On sent que les médias ont eu le temps de préparer deux Unes et que leur créativité s’est exprimée avec force sur ce coup, beaucoup plus que pour d’autres événements. On aimerait d’ailleurs bien voir « Les Unes auxquelles vous avez échappé », celles qui chantaient la victoire du In... Quelqu’un a une idée ?


Il y a ces dessins qui montrent le drapeau européen pleurant sa douzième étoile perdue. C’est un joli symbole mais sans rapport avec une réalité quelconque. Lire cet article pour s’en persuader, car il n’y a aucun rapport entre le nombre d’étoiles et celui de pays membres, même si le drapeau a été officiellement adopté lorsque l’UE est passé à 12. D’ailleurs de 28 on n’est pas (encore) passé à 27.

Le temps est une dimension importante dans cette affaire. On annonce deux ans de négociations pour sortir officiellement de l’UE et négocier un nouveau statut. Mais les politiciens anglais de tous bords souhaitent étendre ce délai, le flou étant le meilleur moyen de continuer à avoir des avantages tout en n’ayant pas les inconvénients. Cameron a annoncé une démission seulement en octobre et son principal opposant au sein du parti conservateur, l’ineffable Boris, dit aussi ne pas être pressé. Histoire de voir et de négocier au mieux, puisque cela a toujours été le point fort des anglais. A contrario, sentant le piège, l’Ecosse est en train de jouer habilement sa carte en annonçant vouloir mener des discussions « immédiates » avec l’UE pour « protéger sa place » (et remplacer le Royaume-Uni dans l’UE ?). Le commissaire britannique de l’UE a annoncé sa démission immédiate, au grand dam de son parti, créant ainsi un vide politique.

Il y a donc ceux qui veulent aller vite, essentiellement partout ailleurs qu’en Angleterre, car les autres pays européens savent bien que ces incertitudes pèsent sur la vie économique, sociale et politique de l’UE et de chacun de leurs pays. Les italiens par exemple ont déjà réclamé le transfert de l’Agence européenne du médicament de Londres à Rome, puisqu’il faudra bien à un moment relocaliser tous les « organes européens » dans l’Union. Il y a ceux qui veulent aller lentement parce que rien n’est prêt, sauf à donner les rênes à l’extrême droite, et qui espèrent tirer profit de cette (longue) période d’incertitude. Il y a même ceux qui veulent revenir en arrière, le Bregretters, ou un deuxième référendum avec une majorité plus décisive, avec une pétition signée à cette heure par plus de 1,3 million de personnes. Aller vite ou lentement ? (Vous avez quatre heures).

D’ailleurs, ce samedi, les six pays fondateurs (allemand, français, italien, belge, néerlandais et luxembourgeois), réunis à travers leurs ministres des affaires étrangères, en attendant un Conseil européen au début de la semaine, demandent que le processus (de divorce) doit commencer aussi vite que possible ». François en profite pour essayer de reprendre la main. Il reçoit les principaux leaders politiques français, l’ONU (et le pape ?) pour griller Angela sur le fil. Mais Angela a déjà laissé entendre que ce serait maintenant elle la vraie patronne. Rappelons qu’il y a aussi des élections bientôt en Allemagne, comme en France... Avant, quand il y avait trois pays « forts dans l’UE, c’était toujours forcément deux contre un. Maintenant, ce sera du un contre un ?


Tout le monde veut en profiter pour refondre l’Europe de Mélenchon à Le Pen en passant par Sarkozy et Macron. Idem en Europe. Grand concours de pétitions et de textes à venir. Tous plus incompréhensibles les uns que les autres. Voici en tous cas une dimension un peu oubliée mais percutante d’une Europe sans les britanniques.


A propos d’idées reçues, il y a celle sur la langue anglaise dans l’Union européenne. Les extrêmes se rejoignent de Mélenchon à Ménard pour demander à ce que l’anglais ne soit plus langue officielle ou de travail de l’UE. C’est oublier qu’il y a l’Irlande et Malte qui sont membres et que comme langue de travail, l’anglais s’est imposé dans le monde à côté en Europe du français et de l’allemand pour beaucoup de raisons. Ce n’est donc pas demain la veille que cela se produirait, et tant pis pour la Francophonie sur ce coup.

Parmi les Unes dont je parlais au début, il y a celle-ci (allemande) que j’aime bien. Elle pose la question du Royaume désuni et du moral de la reine qui doit en avoir plein les escarpins. Le prochain roi sera-t-il roi d’un royaume plus petit, d’une simple île même ? Ou les anglais arriveront-ils à jongler avec cette situation pour pragmatiquement et cyniquement faire le contraire de ce qu’a voulu leur premier ministre et leur peuple ?



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