lundi 9 janvier 2017

iPutain, dix ans déjà !

Eh oui, il y a dix ans sortait le premier iPhone, jour pour jour, concept disruptif s'il en est.

La conférence de Steve Jobs a marqué les esprits à l'époque. Un expert et un artiste en communication et en marketing venait de lancer à la face du monde un objet innovant, dans une conférence brillantissime et qui est encore aujourd'hui enseignée dans les écoles de "Powerpoint". Innovant mais pas révolutionnaire puisqu'il existait déjà de manière confidentielle des téléphones du même genre. Comme toujours, Apple (et Steve Jobs) avaient concocté un produit nouveau à partir de concepts existants, mais en les intégrant mieux, à la fois pour les utilisateurs et pour les développeurs.



Car dès le début, ce qui a marqué avec ce téléphone qui n'en est pas simplement un, c'est la richesse des possibilités, le tout dans une interface unique. Un téléphone synchronisé, un iPod pour la musique (et la vidéo), une console de jeux vidéo et un ordinateur pour toutes sortes d'applications des plus ridicules aux plus sérieuses. Aujourd'hui, dix ans après, c'est devenu banal et iPhone presque un nom commun. Apple en sera cette année à la dixième génération d'iPhone (on attend beaucoup de cette génération) et presque tous les téléphones des concurrents ont adopté la même interface à quelques variantes près, grâce à Google qui aime vendre vos données et à Samsung qui sait utiliser la photocopieuse. Vous aurez compris, en lisant cette dernière phrase, que je suis plutôt Applemaniaque, mais tant pis, j'assume. Après tout, pourquoi s'embêter à entrer dans la technique quand on peut l'éviter.

A Propos de technique, donc de développeurs, Apple a entre autres créé un écosystème où les développeurs sont choyés. En ne retenant que 30% sur le prix des applications vendues, Apple assure une plateforme de distribution très rentable, pour lui et pour les développeurs. Evidemment, 30% c'est trop. Même 10% serait trop disent les jaloux. Surtout que cette commission s'applique tout au long de la vie des applications, des achats au sein de l'application et des abonnements et autres contenus. Mais c'est un modèle économique clair. Les reversements d'Apple aux développeurs atteignent des dizaines de milliards (20 en 2016). Tout un environnement industriel s'est créé autour de l'iPhone et de ses descendants. Et tout tourne autour de lui et de ses fonctions de "mobilité". Même l'Apple Watch, lancée il y a un peu plus de deux ans, n'est qu'un périphérique de l'iPhone, pas une montre, comme je l'ai démontré dans ce billet.

Je me souviens avoir eu à l'époque un des premiers iPod Touch. Il faisait tout pareil, sauf la fonction téléphone, mais cela suffisait dès qu'on avait le Wifi. A l'époque donc, je me trimbalais avec un iPod Touch et un vieux Nokia ou Samsung de merde. Il a quand même fallu quelques années pour que je décide de passer à l'iPhone, le couteau suisse tout-en-un. Ce concept de tout mélanger dans un seul appareil était un peu trop violent... et il faut bien dire que les premières générations n'étaient pas assez rapides pour avoir l'avantage des deux mondes (téléphone et Internet) dans un confort suffisant. Rappelons aussi qu'en France, la 3G était balbutiante et la 4G encore dans les dossiers.

Alors, l'avenir ? L'iPhone a eu une courbe de croissance phénoménale, bien plus rapide et forte que les autres produits. C'est aujourd'hui, avec son écosystème, la principale source de revenus d'Apple. Mais tout produit électronique, et tout écosystème, a ses limites et sa durée de vie. Comment le pérenniser ou faire éclore un système plus complet autour ? Avec la généralisation à venir de l'Internet des objets, et alors que chaque objet devient communiquant, quelle est la place pour un iPhone au milieu de tout ça ? Un hub digital mobile qu'on a toujours sur soi et permettant de contrôler et d'interagir avec tout le reste, c'est une évidence.

J'écoutais ce matin une chronique sur France Inter sur l'avenir des banques alors même que l'Union européenne réfléchit à la transformation du numéro de compte bancaire en numéro de téléphone. La plupart des opérations bancaires courantes sont en effet réalisées aujourd'hui à partir de mobiles, avec vérification par le numéro de téléphone. A quoi sert donc le numéro de compte ? Mais la question de fond est sur le contrôle de la chaîne bancaire. Par qui ? Les banques comme depuis toujours, les opérateurs de télécoms comme Orange, les acteurs comme Apple avec son Apple Pay et autres solutions à venir ? Cela ne vous rappelle pas d'autres secteurs, comme la musique ou l'édition, avec la perte de contrôle par les acteurs historiques sur leur chaîne faute d'avoir anticipé les mouvements autour d'eux ? En tous cas nous, les pauvres consommateurs, nous sommes les jouets de ces grands acteurs (banques, Télécoms, GAFAS...) et nous n'avons pas beaucoup de solutions pour nous en affranchir. Le mirage du logiciel libre est valable tant qu'il n'est pas dominé par un acteur prépondérant - comme Google pour Androïd - ou qu'il n'est pas trop répandu - comme la blockchain pour les transactions financières et toutes sortes d'autres transactions à venir.

Apple, en ce sens, n'est ni pire ni meilleur que les autres. Ses produits sont efficaces et agréables à utiliser, comme l'iPhone le démontre tous les jours. Une fois le nuage de magie et de distorsion de Steve Jobs dissipé, Apple reste une compagnie innovante et solide. Alors combien de temps avant que l'iPhone se relance ? Et à quel prix, puisqu'Apple préfère vendre moins d'appareils plus chers, afin de garantir des marges colossales.

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