mardi 7 février 2017

Un procès peut en cacher un autre

La droite a du mal à classer ses affaires.

Sarkozy est donc renvoyé devant le tribunal correctionnel pour l'affaire Bygmalion dans le cadre du financement de sa campagne en 2012. Lui et treize autres inculpés. Pas de date encore connue pour cette affaire mais c'est une étape importante lorsqu'une affaire quitte le juge d'instruction pour entrer au tribunal. On parle ici de plusieurs chefs (d'inculpation). Mais rassurez-vous, Sarkozy avocat et ses avocats vont faire appel de ce renvoi en procès. Ca peut durer longtemps, comme pour Chirac qui avait réussi à passer tellement longtemps à travers les mailles du filet judiciaire qu'il n'a été jugé que très vieux et très malade, donc en son absence pour cause d'empêchement médical. Sarkozy a la santé, lui, donc il va falloir laisser traîner cela très longtemps.

Fillon, lui, n'en est pas encore là et n'arrivera peut-être jamais à cette étape puisque seule une enquête préliminaire par le parquet est en cours. Puisqu'il n'y a pas de plan B comme Bérézina, il reste le candidat de la droite investi par la primaire. Il attend forcément le Canard enchaîné de ce soir et j'en profite pour écrire vite ce billet avait que de nouvelles révélations apparaissent devant nos yeux ébahis, outrés ou blasés.

Notons quand même que les êtres humains essaient toujours de trouver des raisons à leurs actes. Comme si s'excuser d'un acte suffisait à nettoyer l'ardoise, que cela soit pour ds actes légaux ou illégaux d'ailleurs. A moins d'être dans une logique religieuse de confession puis d'absolution, ce qui se pratique en général dans le secret d'un dialogue protégé par un isolement drapé de traditions plutôt au'n conférence de presse en direct à la télé. En Chine, les excuses publiques à la télé ont une autre ampleur par exemple. Fillon a en fait intelligemment repris les élites de son camp en main : il n'y a que moi qui peut nous faire gagner, soyez derrière moi puisque je ne cèderai pas. Reste à convaincre les électeurs de son camp de ne pas fuite à sa droite ou à sa gauche, et reste à ajuster son programme pour y inclure des mesures de transparence (pour les suivants, hein, puisque lui en a bien profité avant).

Il n'y a aucune comparaison possible entre les deux hommes politiques, anciens "collaborateurs", sur la plupart des plans. Sauf celui de l'usage de l'argent payé par d'autres. La liberté de faire ce qu'on veut de l'argent des autres est une tendance dangereuse. Et chez les responsables politiques en particulier puisque ce sont eux qui déterminent les grands équilibres financiers, les règles légales ou pas et qui doivent donner l'exemple (en théorie).

Tout se passe - et c'est pareil chez Trump - comme si les Etats étaient de plus en plus gouvernés comme des entreprises, ou plutôt des grands groupes. Il y a des impératifs très divers à concilier et il y a des zones claires et d'ombre, comme l'optimisation fiscale. Lorsqu'un homme politique est aussi un petit patron et un dirigeant de cabinet de conseil ou même un grand patron, il est facile d'utiliser les mêmes méthodes que dans sa vie professionnelle et privée d'avant. Le fait d'être passé par ce monde est plutôt un avantage, pour savoir comment il fonctionne, si l'on marque bien la différence.

C'est la force du politique que de savoir faire la part des choses. N'élire que des pauvres n'est pas une solution puisque chacun de nous, à son échelle, est confronté aux mêmes dilemmes. C'est la manière de conduire l'Etat avec un modèle d'entreprise qui pose problème. Et comme ceux qui se posent ces questions sont plutôt à gauche, il ne faut pas s'étonner si la plupart des affaires concernes la droite (mais pas seulement).

La lutte contre la confusion des modèles est un nouveau combat, aussi important d'après moi à notre époque que la confusion des pouvoirs avant Montesquieu. Qui pour le mener de front ?

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