vendredi 24 mars 2017

Des présidents partout

C'est le printemps des présidents. Certains anciens et expérimentés, d'autres frais et en apprentissage, d'autres enfin en devenir et espérance. 

Poutine d'abord. Le faiseur de présidents est toujours à la manœuvre, explicitement ou par derrière. Il vient de recevoir Marine au Kremlin, sa débitrice bancaire. Il a dit qu'elle représentait un courant qui croît en Europe (et pas un courant qui croit en l'Europe). Ça l'arrange évidemment, car une Europe faible est inefficace pour agir contre l'extension de l'empire russe vers l'ouest, domino par domino. Une Europe faible est également plus facile à maîtriser dans toutes sortes de négociations, commerciales évidemment mais aussi militaires avec le prochain Sommet de l'OTAN en la divine présence de Trump himself. Et une droite forte en France est à ce titre une double garantie pour lui, entre Fillon et Marine. 

L'Europe ensuite, avec son président sans pouvoirs mais reconduit. Un débat fascinant 60 ans après la signature du traité de Rome à Rome entre les six États fondateurs du marché commun. Avant de Gaulle, qui l'a combattu en permanence. Une Europe sans laquelle nous n'avons en France aucun avenir. 

Trump ensuite, avec son apprentissage attendrissant de la démocratie américaine. Il a dû repousser (a minima de 24 heures, et plus si difficultés) sa réforme libérale de l'Obamacare parce qu'il n'a pas trouvé immediatementà sa botte une majorité républicaine. Comment ? Des députés qui ne votent pas comme que je leur ordonne ? Il faut négocier ? Et je ne suis pas en situation d'imposer ma position ? Quel scandale ! Dur, dur pour un capitaine égocentrique d'industrie qui a hérité d'une fortune colossale. Pour le moment, ses premiers pas de président sont plutôt hésitants. Danger de torsion de cheville. Attention !

Moubarak aussi. Libère de prison, il peut recommencer à intriguer en Égypte et dans la région, alors que l'étrange coalition au pouvoir dans son pays n'a certainement pas apporté les preuves d'un changement pour le peuple. 

Et en France ?

Fillon est de plus en plus acculé (attention à bien prononcer le préfixe), car son suppléant a aussi été mis en examen avant Pénélope la semaine prochaine. Le pauvre a même dit avoir rendu ses fameux costumes (après le scandale évidemment) tout en les ayant portés. Rendre un costume d'occase fait sur-mesure pour vous ? Faut avoir le sens du devoir !!! Pour se défendre, lui le potentiel président, il attaque donc le président actuel. Un complotiste de plus, ce Fillon. Une forme de morale tellement loin de l'envie qu'on a pour notre prochain président, qu'on a l'impression de vivre dans un mauvais roman. 

Hollande est de plus en plus seul, lui. C'est la dernière ligne droite. Ses suiveurs le quittent un à un. Le ralliement officiel de Le Drian à Macron, tout en restant socialiste, est un coup de poignard dans le dos du PS. Hamon n'a rien vu venir. 

Macron, justement, est finalement celui qui s'en sort le mieux. Avec le cocktail hétéroclite qui le suit et qui devient plus imbuvable chaque jour, il jouit finalement d'une grande liberté. Le choix des investitures pour les législatives devient crucial. Puisque de plus en plus de politiques à droite et à gauche "classiques" font l'impasse sur la présidentielle, ils misent tous sur les législatives. On mesurera la force réelle ou supposée de Macron à sa capacité à gagner ces deux élections. Dans un rôle, s'il est élu, inédit dans notre vieille Vème République.  

Alors, vivement l'heure d'été. On se lèvera plus tôt mais on espère que les présidents redeviendront raisonnables. On a le droit de rêver, non ?

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