lundi 6 mars 2017

Et pendant ce temps, les travaux continuent

Quittons un peu l'atmosphère délétère de l'affaire Fillon et du bourbier dans lequel s'enferme chaque jour un peu plus la droite (et le centre droit ?). Fillon est sorti encore candidat de la journée de dimanche, même s'il a fait un beau lapsus en direct sur France 2 en disant qu'il ferait des choix, alors que son choix définitif du moment venait d'être annoncé, par lui. Sortira-t-il ce soir dans la même position ? Et demain ? Puisque Juppé annonce sa non-candidature, définitivement, le désarroi est complet à droite : garder Fillon et risquer une défaite mais préserver des législatives correctes ensuite (cohabitation ?), ou alors trouver un(e) remplaçant(e) plus jeune mais avec le même programme.

Vu de loin, quand on n'est pas électeur de droite, c'est quand même une image piteuse de cette "droite la plus bête du monde" qui avait un boulevard devant elle et 100% d'être au pouvoir à l'automne dernier.

Alors, et les autres candidats ? Que font-ils ? Commençons par les deux cibles de la droite, celles à abattre pour se retrouver au second tour.

Marine Le Pen parle peu, puisque comme d'habitude, moins elle parle, plus elle engrange de voix, de ses fans ou des dégoûtés de tous bords. Elle au moins ne se présentera pas chez le juge d'instruction et ne pourra donc pas être mise en examen avant les élections du printemps. Il a fallu un an pour qu'on lève son immunité dans l'affaires des photos d'atrocités de Daesh publiées par elle. Son programme se dévoile petit à petit, mais elle n'en a pas besoin pour le moment. Il lui suffit d'une posture simple pour étoffer son électorat. Le FN est devenu l'obsession, par ailleurs, de François (le président actuel, comme on l'appelle ici) qui ne voudrait certainement pas rester dans l'Histoire comme le président qui a conduit l'extrême-droite au pouvoir en France.

Macron a publié son programme la semaine dernière dans un brouhaha tellement fort qu'il n'a pas été audible. Son programme est étoffé et encore en jachère sur pas mal de points, mais il est posé sur la table (et imprimé à quelques millions d'exemplaires). Il poursuit ses meetings d'un genre différent et parlera des femmes, comme tout le monde, en ce mercredi 8 mars. Samedi soir, il était à Caen. Oui, oui. Comme moi, mais pas du tout pour les mêmes raisons... Je comprends mieux pourquoi les trains Paris-Caen de samedi après-midi étaient bondés.

Hamon ? Euh... On ne sait pas très bien en fait. Il est pour le moment dans le Sud (Corse et Marseille, car il fait un temps de chien à Paris) et il tiendra un grand meeting à Paris le 19 mars, veille du débat télévisé (à cinq ?) sur TF1. Après avoir signé un pacte avec Jadot et rompu tout engagement avec Mélenchon, il essaye maintenant de rassembler au-delà de la gauche de la gauche et des fidèles du PS qui croient en l'avenir de ce parti historique.

Mélenchon continue sa campagne sans sourciller. Il tient toujours le même discours, sans se lasser mais en lassant un peu. Son positionnement est résolument du côté du programme, et il espère donc qu'on va se mettre un peu à parler du fond (et pas du fond vaseux de la rivière de droite).

D'habitude, dans une campagne à ce stade (sept semaines d'intense bonheur), on a bien quelques attaques ad hominem, mais on a aussi des débats sur le fond. On assiste aux débats et on lit les commentaires pour comprendre ou se délecter des batailles homériques sur des oppositions ou des nuances. Cette année, on se délecte à l'envers et jusqu'à l'écoeurement de ces batailles d'égos à droite, comme si on était déjà devant les législatives ou même les sénatoriales.

La France retrouve ses démons, par rapport à l'homme providentiel qui l'a si souvent entraîné sur des routes bourbeuses. Qu'il y ait un besoin évident de renouvellement du "personnel politique" ne suffit pas à traiter cette élection comme si elle était un jeu. On a l'impression que les deux grands partis traditionnels ne veulent ni l'un ni l'autre gagner cette présidentielle. Comme si les législatives suffisaient. Comme si le président était dévalorisé dans son rôle, soit parce que François aurait été un président nul, soit parce que cela sonne la fin de la Vème République et de son rôle institutionnel déterminant.

Qui voudrait d'un président à la Trump en France ? Ca fait froid dans le dos. Autant que l'élection de Marine. C'est pourquoi, il faut s'occuper du fond, une fois balayés les menteurs et les gens malhonnêtes ou qui clament leurs droits en oubliant leurs devoirs. Imaginez un peu un deuxième tout Fillon contre Le Pen... Trouver un job au Canada ?


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