mardi 7 mars 2017

Vitry-le-Fillon

Fillon a donc réussi son coup de parti et son coup de militants.

Son coup de militants, en se montrant entouré de fidèles accrochés à lui comme la vérole sur le bas-clergé, au Trocadéro mais aussi à chaque meeting. Rappelons, que comme les autres candidats, les images diffusées pour ces meetings sont toutes sous le contrôle de son équipe de campagne. Les militants ne font pas le peuple, ni le peuple habituel de droite et du centre-droit, ni le peuple en général, mais ils font du bruit, c'est même leur raison d'être essentielle.

Son coup de parti, en obligeant le "comité politique" à voter pour lui à l'unanimité, malgré les défections définitives ou temporaires, à la droite du centre ou au centre de la droite surtout. L'abandon du vieux Juppé a été déterminante et maintenant la seule question est celle du "ticket" comme on dit aux USA, puisque Fillon va annoncer bientôt ses principaux ministres. La distribution de sucettes approche, restez à l'écoute. Et Sarkozy positionné en vieux sage, vous trouvez ça comment, vous ? C'est dingue. Il doit sourire à pleine dents acérées.

La droite, sauf n-ième épisode de ce feuilleton de chiens broyés par les machinations et les manipulations de toute nature, accompagnées de mensonges distillés avec soin par toutes les parties, choisit donc un candidat moralement déconsidéré, mais le moins mauvais d'entre tous, ce qui en dit long sur l'état de la droite en France. Une sorte de coup d'Etat sans Etat, mené de main de maître, dans une droite gaullienne ou bonapartiste, c'est selon vos préférences. Un grand signe d'autorité en tous cas, même si l'éthique et les devoirs sont passés à la trappe.

Place à une campagne normale ? Hum... Déjà que d'habitude on ne fait pas beaucoup attention aux programmes et qu'on ne croit pas aux promesses de campagne, cette fois-ci, cela va être pire. Quelque part Fillon y est gagnant, lui qui a le programme le plus droitier du paysage actuel, et le plus violent. Place aussi aux manoeuvres pour les législatives qui suivront puisqu'il est vraisemblable que le président élu n'aura pas derrière lui une majorité franche et à sa botte, mais au mieux une mosaïque de tendances avec lesquelles il faudra composer. Le temps des deux grands partis homogènes est passé et personne ne sait s'il reviendra, ou si c'est même souhaitable.

Et pendant ce temps, l'autre François, notre président, continue à se promener. En plus de gérer les affaires courantes, il se concentre sur la lutte contre le Front National. Discours attendu ce soir à Vitry-le-François entre Champagne et Grand Est. A la nouvelle médiathèque Albert Camus, un symbole évident en cette période agitée. Encore un François, me direz-vous ? En l'occurrence il s'agit de François Premier qui avait renommé cette petite ville, moules fois détruites puisqu'elle est au coeur du passage nord-sud est-ouest (en TGV, en diligence quand on s'appelle Louis XVI ou en tank quand on passe par Verdun).


Puisque la moralité est foulée aux pieds par la droite dans cette campagne, au profit des égos, il est bon qu'on parle du fond un peu, à défaut de morale et de "tempérance des tempéraments". Il s'agit d'une campagne en plusieurs temps, comme à chaque fois. Maintenant que Fillon a fait son trou (sauf démenti cinglant de l'actualité), on peut passer à la campagne de premier tour. Ensuite il y aura celle pour le second tour, puis celle des législatives. Pour le premier tour, il s'agit d'éliminer ses adversaires directs et de terminer dans les deux premiers. Rien de moins, rien de plus. Terminer premier est plus sûr, c'est certain, mais deuxième, c'est bien aussi. Il n'y a que la médaille de bronze-chocolat qui est mauvaise.

Donc Fillon va dézinguer Macron (Hollandais parait-il) pour se retrouver pénard face à Marine.
Donc Marine va dézinguer tout le monde comme d'hab pour être certaine de finir première
Donc Macron va dézinguer Marine et Fillon, les représentants d'une droite dogmatique et figée
Donc Hamon va dézinguer tout ce qui est moins à gauche que lui pour espérer arriver en finale
Donc Mélenchon va dézinguer tout le monde sauf lui, ce qu'il sait faire le mieux
Et les autres vont se dézinguer entre eux pour grapiller quelques dixièmes de pourcent.

Super, non ? Vivement le Canard de ce soir et la publication des parrainages par le Conseil Constitutionnel pour voir où on en est (et combien à Juppé ???). Le CC a dû commettre un communiqué hier pour expliquer les règles, c'est touchant... Pour mémoire, la publication officielle des candidatures est le 20 mars, journée de la Francophonie. Aucun rapport, mais puisqu'on parlait de François 1er, autant rappeler ce fait.

PS : Le titre de ce billet n'a rien à voir avec les yeux de François-le-Vitreux

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