lundi 7 mai 2018

The long bridge

Si on parlait un peu des British ?

C'est une semaine de grand pont (et je suis certain que mon titre-traduction est mauvais, mais je laisse aux spécialistes le soin de me corriger, sans trop me faire mal). Donc à Paris en tous cas, c'est bien vide. Du soleil, des touristes, des manifestants et peu d'actualités. Des parisiens partis entre autres à Londres...

A Londres, le 20 avril, se terminait le sommet des chefs d'Etat du Commonwealth, ce machin politique censé définir l'espace économico-politique d'influence de la Grande-Bretagne après l'Empire. Le Commonwealth a beaucoup crû depuis sa création, en nombre de pays, mais sa ligne directrice n'est pas aussi claire que dans d'autres espaces géographiques, linguistiques, post-coloniaux ou économiques.

La reine Elisabeth qui a quand même 92 ans est la chef du Commonwealth. C'est un titre honorifique, puisque chaque Etat est indépendant des autres. Ce n'est donc pas un titre héréditaire comme la couronne d'Angleterre. Lors de ce Sommet, elle a vendu l'idée que son successeur soit son fils adoré, le prince Charles, l'homme qui a cru toute sa vie qu'il serait roi. C'est une décision qui a été actée par les dirigeants présents. "Un jour...", c'est-à-dire, à ma mort. On appelle ça l'understatement à l'anglaise. A lire aussi, dans cet article, les positions bien "conservatrices" de Charles, le roi de la lorgue pompeuse (au moins).

Voici donc un beau lot de consolation tout trouvé pour Charles après la mort de sa mère. Il est évidemment de plus en plus question que Charles ne règne pas après sa mère, mais que la couronne passe directement à son fils ainé, le père maintenant de trois enfants, depuis la naissance de Louis (et si vous ne savez pas de quoi ou de qui je parle, il est temps de vous réveiller, de prendre une douche, de boire un jus d'orange et de sortir de votre hibernation). Au moins donc, Charles aura un titre et pourra faire, comme Ulysse, de beaux voyages. Ses fils, le deuxième sera marié dans une dizaine de jours, seront aux commandes de la vraie royauté.

On appelle cela de la diplomatie. Que chacun croie avoir gagné quelque chose, alors que c'est moi qui rafle tout. Le fameux vieux dicton de la diplomatie anglaise, mais qu'on pourrait attribuer à tous les pays : "Ce qui est à toi est à moi et ce qui est à moi, on le partage (ou je le garde, dans la version plus trash)". À ce jeu, Charles n'est pas le gagnant. Mais on ne sait jamais.

En France, le pays de Macron, il n'y a pas de royauté. Il n'y en a plus. Nous sommes une République laïque et sociale. Enfin ça dépend des interprétations de ces trois mots. République dans la réalité juridique, mais avec beaucoup de pouvoirs concentrés dans les mains d'un seul homme quand même. Laïque, mais avec des définitions parfois limites entre Etat et religion, Histoire et monde réel, temporel et spirituel. Sociale... Euh, est-ce bien le moment d'en parler ?

Macron, sort ce soir à la télé une petite phrase qui a fait déjà beaucoup parler d'elle. "ceux qui pensent que le summum de la lutte, c’est les 50 euros d’APL, ces gens-là ne savent pas ce que c’est que l’histoire de notre pays"

C'est intéressant comme phrase, au-delà de la morgue présidentielle (et non royale). Mettre en parallèle les grands mouvements de l'Histoire et des détails (Attention à l'effet Jean-Marie) est un exercice périlleux. Car, même quand on a une "vision" pour la France, il faut faire attention à bien écouter le monde.

Il y a des signaux forts, ce sont ceux dont tout le monde parle, impossible de les louper. On les entend ou on les refuse, mais ils sont là. Et puis, il y a les signaux faibles. Ceux qui sont difficiles à observer, délicats à interpréter. Refuser d'entendre les signaux faibles, c'est se couper de l'avenir, tous les innovateurs le savent, quel que soit leur domaine d'activité. L'APL est un signal faible, largement déconstruit depuis son annonce d'ailleurs par tous les autres responsables impliqués. Mais c'est un signal dont on ne doit pas se moquer et qu'on ne doit pas mettre impunément en balance avec des grands courants de l'Histoire. Comme si seules les grandes luttes épiques étaient nobles et comme si tous les actes du quotidien étaient négligeable. Un fossé immense. Comme s'il existait "un et un seul" summum de la lutte... Mais Macron ne lit pas ce blog et doit être entouré de conseillers craintifs qui choisissent leurs mots. Lui, il croit/sait que sa lutte est la seule. Magie du pouvoir solitaire.

En Grande-Bretagne, la royauté a connu plusieurs crises ces dernières années. Ils en sont toujours sortis. Tellement sortis, d'ailleurs, qu'ils quitteront l'Union européenne dans un an, maintenant.

Question : qui règnera lors du Brexit ? et où ?


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